lundi 30 novembre 2009

Les pierres

C’était pendant mon long séjour en Asie, quelques années en arrière. Même plus que vingt ans… J’étais un de ces voyageurs « sac à dos » ; j’avais, comme tous les autres, que le strict minimum avec moi.

Je me retrouvais sur l’île Kho Samui (C’était l’époque ou il n’y avait pas encore d’aéroport et le voyage de Bangkok en train et bateau était plutôt pénible), dans un de ces petits villages de bungalows (électricité de 19h à 22h) que j’étais censé de partager avec Jan, un Hollandais.

Quand j’avais vu les affaires de Jan j’étais assez étonné : Évidemment il ne portait pas beaucoup d’effets personnels, par contre il avait un grand sac avec des cailloux avec lui. Bizarre…

Je lui demandais donc qu’est-ce que signifiaient ces pierres. Et il racontait :

« Pour chaque personne que je rencontre pendant mon voyage, je choisi une pierre et je la dédie à la personne. Prenons par exemple cette petite pierre grise foncée, ronde. Elle est dédiée à Donna Rosa, la tenancière d’un petit restaurant à Boracay. 

Et quand tu regardes bien, intensément cette pierre, tu sens des pieds et jambes jusqu’au corps en rouge. Une couleur très rouge et très brillante. Tes jambes sont plongées dans le rouge et peut-être peux-tu sentir un parfum très fort de Romarin. « 

Effectivement je sentais quelque chose…

Et il sortait cette pierre brune, jaune : « C’est la pierre d’Édita. Une merveilleuse fille que j’ai beaucoup aimée.

Et en observant ce caillou tu t’imagines que le bassin et dans une lumière orange, plongé dan la couleur orange. Ton bassin et plongé dans l’orange et tu peux peut-être sentir un parfum de mandarine. »

Mais oui, c’est fou…pierres

Puis il saisissait une pierre longue, fine :

« C’est la pierre de mon copain Wang de Hong-Kong. Il m’a montré la ville de Bangkok, les petits coins.

Observe la pierre et ton ventre, toute la zone du ventre, est dans une lumière tout à fait jaune, le ventre est plongé dans le jaune brillante, et tu peux sentir une odeur de citronnelle. »

Est-ce que je rêve ?

« Voici la pierre personnelle de John. L’Américain fou, qui est monté sur le toit du wagon de notre train en marche pour le sud.

Et tu t’imagines que toute la région du cœur est plongée dans une lumière verte. La région du cœur est tout à fait verte. Brillamment verte. Et tu peux ressentir le parfum de la mélisse. »

Quel calme, quelle sérénité…

Et il ressort une pierre tout à fait bizarre, ronde comme un œuf, plusieurs couleurs, presque comme une pierre précieuse.

« C’est la pierre du Belge, Gaston. Lui se faisait voler tous les chèques et nous tous nous l’avons aidé un peu financièrement.

Et tu vois, la gorge est dans une lumière bleue brillante, tout à fait bleu. La gorge est plongée dans le bleu. Et c’est possible que tu capte le parfum de lavande. »

Et je ressens la lavande.

« Et voici un autre. C’est le caillou du jeun vendeur de billets d’avion sur le marché gris. Il m’a beaucoup aidé et j’ai pu voir des pays magnifiques à des prix très raisonnables.

Et le front est dans une lumière brillante violette. Essaie de t’imaginer la couleur violette. Violette et brillante. Le front est violet est brillant. Et tu peux sentir le parfum de bois de santal, exotique et doux en même temps, comme les mystères des Indes... »

Amour, lucidité – j’adore.

Et Jan ressortait un dernier caillou, blanc, brillant comme un quartz.

»C’est la pierre du moine qui m’a raconté l’histoire de la fleur et la montagne. Je me sentais tellement apaisé... Il m’a beaucoup aidé.

Sens : Le haut de la tête est entouré d’une couleur très vive blanche, une lumière très brillante. Et si tu veux, tu peux t’imaginer un parfum d’encens. La lumière blanche et l’encens… »

Et j’ai envie d’embrasser le monde tout entier.

Et puis Jan arrêtait. On restait calme, immobile dans notre bungalow. Je pensais à toutes ces pierres différentes, je vivais les effets de ces lumières brillantes et je sentais les parfums différents – et j’étais bien.

 

Die feinen Steine (Übersetzt von Martin Meier)

Das Folgende ereignete sich während meines längeren Aufenthalts in Asien vor einigen Jahren. ... Ich war einer jener Rucksacktouristen ; ich hatte, wie alle andern von dieser Sorte, nur das Allernötigste bei mir.

Ich befand mich also auf der Insel Kho Samui – damals gab es dort noch keinen Flughafen, und die Anreise von Bangkok mit dem Zug und dem Schiff war sehr mühsam – in einem jener kleinen Bungalowdörfer (Strom nur von 19 bis 22 Uhr !). Meinen Bungalow teilte ich mit Jan, einem Holländer.

Als ich die Sachen sah, die Jan mit sich herumschleppte, staunte ich nicht schlecht: An persönlichen Effekten hatte er offensichtlich nicht viel bei sich, dafür aber besass er einen grossen Sack voller Kieselsteine. Seltsam ...

Also fragte ich ihn, was diese Steinsammlung zu bedeuten habe. Er erzählte mir: «Für jede Person, der ich auf meiner Reise begegne, wähle ich einen Stein aus und widme ihn dieser Person. Nehmen wir zum Beispiel diesen kleinen grauen, schimmernden, runden Stein. Er ist Donna Rosa gewidmet, die ein kleines Restaurant in Boracay führt.

Und wenn du genau hinschaust, wenn du diesen Stein ganz intensiv betrachtest, spürst du, wie deine Füsse und Beine bis zum Rumpf hinauf rot werden, und zwar ganz leuchtend rot. Deine Beine sind in diese rote Farbe getaucht, und vielleicht kannst du einen starken Rosmaringeruch wahrnehmen. »

In der Tat spürte ich etwas ...

Dann kramte er diesen bräunlich-gelben Stein hervor: « Das ist Editas Stein. Ein wunderbares Mädchen, in das ich fest verliebt war.

Und wenn du diesen Kieselstein betrachtest, stellst du dir vor, wie dein Becken in ein oranges Licht getaucht ist, ganz eine orange Färbung erhalten hat. Dein Becken ist in Orange getaucht, und vielleicht kannst du den Geruch von Mandarinen wahrnehmen. »

Na klar doch! Verrückt, aber ...

Darauf ergriff er einen langen, feinen Stein:

« Das ist der Stein von meinem Kumpel Wang aus Hong-Kong. Er hat mir die Stadt Bangkok gezeigt, die kleinen verborgenen Winkel, weisst du.

Schau dir den Stein und dann deinen Bauch an ; die ganze Bauchgegend glänzt jetzt in einem völlig gelben Licht, dein Bauch ist in ein leuchtendes Gelb getaucht, und du kannst einen Zitronenduft spüren. »

Träume ich ?

« Hier hast du den persönlichen Stein von John. Weisst du, dieser verrückte Amerikaner, der bei unserer Fahrt in den Süden auf das Wagendach unseres Zuges geklettert ist.

Stell dir jetzt vor, die ganze Herzgegend sei in ein grünes Licht getaucht. Leuchtend grün. Und du kannst den Geruch der Melisse spüren. »

Welche Ruhe, welche Heiterkeit ...

Dann holte er einen völlig merkwürdigen Steinaus den unergründlichen Tiefen seines Sackes hervor. Dieser war rund wie ein Ei, hatte mehrere Farben und wirkte fast wie ein Edelstein.

« Das ist der Stein von Gaston, dem Belgier. Ihm wurden sämtliche Reiseschecks gestohlen, da haben wir ihm ein bisschen mit Geld ausgeholfen.

Und nun schau, dein Hals strahlt in einem leuchtenden Blau, er wird ganz blau. Der Hals ist eingetaucht in dieses Blau. Da ist es leicht möglich, dass du den Geruch von Lavendel wahrnimmst. »

Und in der Tat: Ich nahm den Geruch von Lavendel wahr.

« Hier ist noch einer. Das ist der Stein eines jungen Flugbilletverkäufers auf dem Schwarzmarkt. Er hat mir sehr geholfen, denn so konnte ich wunderschöne Länder sehen, und das zu einem vernünftigen Preis.

Und die Stirn leuchtet nun in einem glänzenden Violett. Versuch, dir die violette Farbe vorzustellen. Violett und glänzend. Die Stirn ist violett und glänzend. Und du kannst den Duft von Sandelholz riechen, der zugleich exotisch und zart ist, wie die Mysterien der Inder ... »

Liebe, Klarheit – ich bewundere sie!

Jan kramte nun einen letzten Stein hervor, weiss, glänzend wie ein Quarz. « Das ist der Stein des Mönchs, der mir die Geschichte von der Blume und dem Berg erzählt hat. Ich fühlte mich damals so friedlich ... Er hat mir sehr geholfen.

Schau: Die Spitze deines Kopfes ist von einem sehr lebhaften Weiss umgeben, einem sehr hellen Licht. Wenn du willst, kannst du dir den Geruch von Weihrauch vorstellen. Das helle Licht und der Weihrauch ... »

Und ich hatte Lust, die ganze Welt zu umarmen.

Jan war ans Ende gekommen. Wir blieben ruhig und bewegungslos in unserem Bungalow. Ich dachte an all die verschiedenen Steine, ich erlebte noch einmal die verschiedenen Lichteffekte und ich genoss den Duft der Gerüche – und ich fühlte mich wohl.